Bien souvent négligé, il est intéressant de mettre l’accent sur la bonne psychologie à avoir dans l’engagement d’un conflit.

Pour ce faire, nous allons nous baser sur un cas concret simple, de la vie de tous les jours, un cas qui peut arriver demain, ou qui est peut être même arrivé qui sait :

Imaginons, l’ex de sa copine un peu possessif, une petite provocation, on surprend un deal dans une ruelle sombre, on sauve quelqu'un d’une agression …

Très vite un cercle vicieux peut s’installer dans l’après conflit et les choses peuvent s’envenimer rapidement.

Vous profiter tranquillement de votre petite vie quand soudain un parfait inconnu se met à squatter votre boite messagerie, énumérant insultes, menaces ou autres atrocités qui font froids dans le dos … Ce parfait inconnu, vous l’avez complètement oublié, vous ne le connaissez peut être même pas !

Bref peut importe le cadre de l’histoire, vous l’aurez compris, je cherche à vous plonger dans une situation particulière, celle où vous êtes pris pour cible. Maintenant que le cadre est posé, je vais non pas vous montrer comment l’aïkido peut résoudre les problèmes d’harcèlement sur boite mail (loin de là) mais vous guider dans la résolution de ce genre de conflit.

Au premier abord, le fait d’être pris pour cible par une ou plusieurs personne dégage un sentiment de panique ou du moins de peur entièrement compréhensible, tout dépend bien entendu des prédateurs, mais derrière cette sensation primaire de peur se cache d’autres sensations secondaires, par exemple celle de l’excitation, ce sentiment d’aventure, un sentiment universel qui se dégage de ce genre de situation.

Dans tout style d’affrontement physique l’adrénaline nous envahie jusqu’au plus profond du corps, c’est elle qui vous fait agir, qui accélère la communication cerveau/muscle et assure en quelque sorte les réflexes. La peur est votre alliée, maîtrisez la et faite les choses justes malgré sa présence, c’est la vertu indispensable à la résolution du problème : le courage.

Maîtrisez la peur et faite naître en vous un sentiment d’optimisme, le plus dur dans la phase de préparation mentale d’un conflit. En raisonnant de cette façon, la peur deviendra un atout.

Quand on est traqué, le danger peut surgir de n’importe où, de derrière un mur, en ouvrant la peur de son appartement, ...

D’où l’obligation de renforcer la chose que tout pratiquant d’art martial doit posséder : être là, ici, maintenant ; c'est-à-dire vivre pleinement dans l’instant présent. Ceci passe par l’observation constante de l’environnement autour de nous, la perception des moindres bruits, des odeurs, des gens, … Ce sentiment doit vous animer et faire de vous un aïkidoka que l’on ne peut pas surprendre. Gardez à l’esprit que le danger peut surgir de n’importe où, à n’importe quel moment, être là dans l’action présente signifie aussi être prêt, prêt au pire. Commencez par rester concentré, très épuisant au début, il est facile d’acquérir cette habitude, qui peut faire la différence dans un combat.

Les agresseurs connaissent sûrement vos habitudes, votre lieux de travail, d’habitation, … Et donc les endroits que vous fréquentez, ils peuvent être partout.

La meilleur chose à faire quand ces soucis prennent une tournure plus sérieuse est d’appeler la police bien entendu, mais quelque fois ça ne marche pas, les agresseurs finissent par vous trouver et vous voila coincé à la sortie du bureau, du lycée ou du nightclub.

Deux grands gaillards s’avancent, le conflit semble inévitable ? Essayez de calmer la situation, essayez avec les mots, la posture neutre.

Mais bien souvent le conflit se produit, surtout quand des individus vous cherche, ils sont déterminés. Dans l’exemple que je vous donne ils étaient deux, c’est dans ces moments précis que l’on se rend compte de l’importance des randoris à l’entraînement. Ne négligez donc pas ces formes de travail.

Mais il ne faut surtout pas oublier que l’aïkido a été crée dans le but de se battre contre plusieurs adversaires (les techniques ura en sont des exemples, le fait d’effectuer d’entrée de jeu un ikyo ura pour stopper un second adversaire qui s’avance vers vous, …).

Se battre contre plusieurs individus est très compliqué, mais pas impossible. Comme je l’ai dis dans un des articles précédents, on ne sort jamais intact d’une confrontation physique, on a toujours un bleu, une bosse, … Il suffit aux adversaires d’une petite seconde d’inattention, un clignement d’œil pour frapper. La jauge de moral en prend donc un coup et c’est la qu’arrive les problèmes : les coups pleuvent, vous commencez à paniquer, vous vous retrouvez au sol, … D’où l’importance de garder le moral, de garder cette âme samouraï qui fait de vous un aikidoka, un combat se gagne toujours dans la tête. Restez confiant et vous arriverez à vos fins.

Vous l’aurez compris, dans un combat à deux contre un, il faut gérer deux adversaires, être deux fois plus attentifs aux moindres mouvements, gestes, … Il est donc primordial de les visualiser (la notion de distance entre encore une fois en jeu, rappelez vous : pas d’adversaires dans la zone de vie, celle délimité en tendant votre bras vers l’avant, personne ne doit y entrer, personne !). Bien souvent, les agresseurs se positionneront de manière à ce que vous ne puissiez pas les voir, le cas typique : un derrière et un devant.

De ce fait, il est primordial d’engager le combat sereinement et sans appréhension : commencez par empêcher rapidement l’adversaire qui est devant d’avancer (irimi, mae geri … Libre cour à votre imagination) puis effectuez un tai sabaki et neutralisez celui de derrière, garder toujours en vue le premier. Dans ce genre de confrontation un des deux agresseurs essayera de vous immobiliser pour faciliter le travail du deuxième, garder donc une distance adaptée.

Dans un randori, il est primordial d’optimiser au maximum l’espace autour de soi, tout doit être pris en compte : trottoir, poubelle, … Mais aussi les gens, des agresseurs peuvent en cacher d’autres ... Utiliser les objets aux alentours, vous avez carte blanche dans ce genre de situation. Mais garder à l’esprit que ces objets peuvent être utilisés contre vous.

A noter, il est conseiller d’effectuer des techniques ura, et ainsi de gêner les deux adversaires, optimisez l’espace en jetant le premier sur le deuxième, … Faites de ce qui est leur avantage une faiblesse.

Si les deux agresseurs se montrent trop agressifs et que vous avez jusqu’alors tentez de préserver leur intégrité physique, immobilisez les un par un par ude kime nage, kote gaeshi, ou autre technique à clefs qui, une fois réaliser avec suffisamment d’amplitude et de fluidité, rendront inoffensifs les agresseurs. Ces techniques présentes l’avantage de ne pas forcément nécessiter une entrée 100% réussis, donc plus facile à mettre en œuvre face à plusieurs adversaires.

Dans une confrontation à plusieurs contre une personne, le mental joue beaucoup plus que le physique, un combat se gagne toujours à l’avance, avant même que l’agresseur n’est lancé son attaque .

Ainsi, optimisez l’espace, protégez vous et lancez la technique au bon moment, mais encore une fois : un timing parfait ne peut s’acquérir qu’à la suite d’un entraînement assidu !

Bon courage.

Aïkido et défense personnelle.